Paris





Point de départ des chants d'Ouest dominants, un Paris d'où l'on vient et où l'on retourne incessamment, en trente textes dont les deux bouts vous sont ici proposés :


Texte premier : "La belle ferronière"


Mes heures s'écoulent du métro Commerce au métro Louvre.
Des galeries souterraines d'un métro glacé
Aux galeries souterraines de mon château-musée,
Ce sont les heures de mon passé que je recouvre.

 

Et mes images comme les toiles de la galerie du souvenir
S'égrainent nonchalamment au fil de ma mémoire,
Au fil de mes pas déambulant dans les couloirs,
Au rythme des pages que l'on tourne sans les lire.

 

Sans objectif, j'avance,
Et le hasard me devance,
Enigme et impatience,
De ce sourire sans évidence.
Son regard est renaissance,
Pourtant elle n'est que de prudence
Envahie d'évanescence,
De pudeur, de tempérance...
Ses yeux se sont tournés
Comme sur cette toile du passé,
Vers mon visage aux traits tirés,
Aux lignes dures et harassées.
Elle me parle à l'imparfait
De ses blessures, de ses regrets,
Elle me parle comme on le fait
Avec l'essence du secret.

 

Mes heures s'écoulent du métro Louvre au métro Commerce.
Comme le vent, comme l'amour, la lumière du jour
Paraît après la nuit, comme pour montrer que pour toujours
La vie n'est faite que de ces tendances qu'on inverse.

 

Et mes images comme les toiles de la galerie de l'avenir
S'égrainent nonchalamment au fil de mon espoir,
Au fil de mes pas déambulant hors des couloirs,
Au rythme des pages que j'écris et que j'inspire.



Texte dernier: "Paris-indien"


Le joli mois d'Octobre quand il fait beau,

Quand il fait chaud,

Quand dans la rousseur des arbres parisiens,

Le soleil tâche d'or d'été indien

Les couleurs passantes de nos peaux.

D'inappropriées tenues ressortent

Avec les filles du quartier latin,

Et de leur décolletés sortent

Des canicules déjà loin...

Sur l'île Saint Louis, sur celle de la Cité,

L'accordéon aussi survit à son été.

Je regarde avec envie les amoureux,

Par la chaleur unis dans leurs bateaux de feu ;

Les squares baptismaux leurs sont dévolus,

Et les amours font mouche à chaque coin de rue !

Elle est belle la fontaine Saint Michel !

Tu trouves pas ?

Je voudrais que tu l'appelles

La fontaine Saint Moi !

En souvenir de tout ça,

En souvenir de nos Sahel,

De nos déserts qui n'ont entendu d'appel

Que les échos lointains qui m'éloignent de Toi...

Mais quelle tristesse résiste à ces jours ?

Lorsque le ciel clément nous remplit d'alentours,

De bruits de voitures, de bousculades heureuses,

Qui peuplent mes mots de vitalité rieuse.

Elle est la ville-lumière naturelle,

Quand Notre-Dame rougeoyante au couchant,

Renvoie à nos yeux dans sa teinte pastel

Celui qui dans la Seine la noie doucement.

Paris, d'une couleur Orangina-grenadine,

Dans les bistrots, ça s'appelle bien un indien !

Paris-cigale, avant l'hiver se dandine,

Moi, je l'appelle Paris-Indien !

Le pont des arts est surpeuplé...

Et j'en grille une et je m'assieds.

Une jolie fille est concentrée,

Car elle dessine et s'y croirait.

Il y a ses rêves dans ses traits

De tant de beauté reflétée,

Laissons l'artiste imaginée

Baigner dans l'onde de clarté.

Pas un nuage sur Paris,

Les vers de Vladimir Maïakovski,

Et peu à peu s'étend la nuit,

Et peu à peu je me revis,

Et pas à pas ma poésie,

Avance comme dans Paris,

Avance comme dans ce train,

Puisqu'en Bretagne je reviens,

Laissant les quais, les bouquinistes,

Laissant le Louvre et les artistes,

Laissant la fontaine et mon Saint,

Laissant aussi Paris-Indien.


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Auteur cybérien post-Poétique.