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Parce qu'ailleurs c'est toujours mieux, embarquez pour ces trentes escales imaginaires ou vraies, parcourant une mappemonde littéraire. Départ et arrivée ci-dessous :

Premier texte : "Troie (la gloire n'a d'autre prix que celui de marcher au côté de ta mort)"

Comme un chiffre, Troie,

                                 Comme un nombre de morts,

Comme une profession de foi

                                       De ces légendes qu'on ignore.

Aux femmes volées,

                           Je ne suis pas Ménélas,

                                                               Hélas...

Aux femmes violées,

                           Sous le sac, hein ? De Troie,

                                                                     Je ploie...

J'ai tant aimé Briseïs,

                                                      Agile,

Que des sanglots que l'on subisse,

                                                   Achille,

Reste brisée Ys,

                              Comme des villes

Qu'on les engloutisse !

                                             Malhabiles...

Pas trop, dis, Patrocle !

                                                   Imbécile !

Les villes sont nos socles,

                                                Indélébiles !

 

Mes rêves d'enfant sont construits de ces murailles,
D'une guerre absurde qui dicte nos entrailles,
Comme bien plus tard, d'autres sires de Xantrailles,
Surent mettre feux et sangs au sein des batailles.

 

Mais Andromaque,

                        De mes lycées échue,

Pleure les attaques,

                              A l'amant éperdu,

Le cadavre d'Hector,

                           Si seul et dépourvu,

De haine et de remords,

                           De libertés perdues...

Il était une fois Troie,

                              Et deux Francis,

Me racontant les choix,

                                 Du beau Paris,

Nous priâmes les rois,

                              Comme leurs fils,

Ne restent à nos doigts,

                              Qu'esprits d'Ulysse.

 

Le cheval de Troie !
Et Schliemann, seul pour y croire,
Et de si vastes désespoirs,
Quand on y croit...

Pêchons les civilisations, des truites,
Prenons la mouche de façon fortuite,
Puisque dans ces os dilapidés
Sont tous les mots qu'on peut poser...

Ô mer éternelle !
Homère et tes ritournelles...
Tout est toujours réinventé,
Mais tes vers furent les premiers.

Texte dernier : "Nuits blanches à Moscou"

Deux flamants bleus viennent heureux
Poser des baisers sur mes lèvres,
Et sous ses cils ces amoureux,
M'entrouvrent le pays des rêves.
Je suis liquide en son empire,
Moscou me s'coue comme Volga,
Dans nos luttes et nos soupirs,
Mes mots sont ceux de Volodia.
Et ma révolution d'Octobre,

Ce sera d'être dans tes bras,
Quand dans l'élan d'un geste sobre,
Saut'ra l'agrafe de tes bas.
Oh, ma Lili Brik !
Oh, Toi ma Lili Iourevna !
Des murs s'effondrent et je m'imbrique,
Et dans tout ça je me débats !
Comme un missile à ma portée,
Au diapason de ton climat,
Je voudrais parfois m'écraser
Comme une clope entre tes doigts.
Elle est belle l'écrivaine vaine,
Qui de sa Sibérie du coeur,
Est prête à se trancher les veines
Pour quelques vers de son auteur.
Ressusciter Maïakovski
Et son suicide à ravaler,
Pour quelques mots trop vite appris
Et des sanglots trop oubliés.
Car tes ogives sont dressées
Au front de ma libération,
Offrons de l'or à nos baisers
Et ta jouissance à la Nation.
Mais la cicatrice est tenace,
Du communisme évaporé,
Les couloirs des palais de glace
Voient ses tsarines abdiquer.
Et toi Lili dans ma folie,
Tu es le cauch'mard de Poutine,
Avec pour perspective Nevski,
Les statues cachées de Lénine.
Au parc Gorki je t'aimerai,
Sous le regard du vieux Maxime,
Contre le froid, t'habillerai
De la pauvreté de mes rimes.

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