Afrique





Parfums marins et rêves tropicaux se mêlant aux souvenirs de ces vingt et un textes. Goutez-en un peu ainsi :


Texte premier : "Casablanca"


Le premier pied des vers d'escales africaines,
C'est à Casablanca que je l'avais posé.
Sur la terre d'Islam, aux musiques anciennes,
Casa, ville éternelle, et d'Ingrid et d'Humphrey...

Ben oui ! J'ai rendu mon hommage au grand Hôtel...
Je me suis fait Viktor entre deux, trois cocktails,
Je me suis fait Lazlo qu'on ramasse à l'appel,
Je me suis fait un jeu de la blanche et la belle.

Elle est belle comme Toi, tu sais, la Casa :
De ses profondeurs vertes et alizéennes,
De ses petits taxis passant comme ces gars,
Dans ces placards sont ces amants qui vont, qui viennent...

Et peu importent nos viandes et nos géhennes,
J'ai de Casa comme de Toi, sang dans les veines,
J'ai cette foi qui me rapproche et qui m'entraîne,
J'ai cette fois la conviction que rien ne gène.

Comme à Casa, ça fait quinze ans, quinze ans déjà...
Cette odeur violente sur le port de commerce,
Et ma jeunesse défaillante aux premiers pas
Sur cette Afrique en vie, sur cette Afrique inverse...

Je veux te parler de la corniche d'In Diap,
Et des balades nocturnes que rien ne rattrape,
De tous ses bas quartiers s'effilochant en grappe,
De la grande mosquée, leur farce de satrapes...

In Diap, c'est le quartier des fêtes de la nuit,
Des bars où l'on réinterprète Mahomet,
La riviera qui coule comme l'eau des pluies
Que les prophètes n'ont jamais su endiguer.

In Diap, c'est un restau, des coussins, des sofas,
Un ventre qui ressemble au tien, et des longs bras
Serpentins, ventre d'une femme comme Toi,
Et notre aurore à nos destins, Casablanca !

Tout danse dans ma tête, mon amour, ma loi,
Et la belle interprète orientale et sensuelle,
Tout danse dans ma tête quand je pense à Toi,
Et Casablanca comme à tes yeux rebelles.

Souviens-toi, quand je traversais la Médina !
Autre temps, autre siècle, en tenue de combat,
Marine incohérence en rêve de soldat,
En matelot de France aux temps du Pourquoi-pas.

Mon âme, dans ces rues sévères et étroites,
Croisant le peuple et les mouquères envoilées,
J'étais je crois, Corto serrant de sa main droite,
Quoiqu'un peu gauche, un temps de rêve évaporé...

Pas loin du cancer et des longues maladies,
Quand on s'approche des tropiques, mon amie,
Ce sont des vols que l'on suspend comme à l'envie,
Et des bémols aux partitions de notre vie.

J'aime énormément quand tu te déguises en fille !
J'aime tes jeux, tes joies et toutes ces broutilles,
La différence entre une femme et une ville ?
Quoi donc ? Casa et toi : Vos ventres sont fertiles.



Texte dernier : "Corto repart"


Corto reprend son sac
En toile écrue, son sac marin,
Corto reprend son bien,
Comme la vague son ressac.

Ca y est, Corto repart,
Vers ses anglaises Cornouailles,
Il vient de re-signer un bail
Avec les ports, avec les gares.

Ca y est, Corto repart !
Vous l'y verrez, n'ayez pas peur,
Sous les menhirs rêver de fleurs,
Des fées celtiques, l'avatar.

Et dès les dernières lueurs,
Sur les falaises de Tintagel,
Il viendra tel un maraudeur,
Laisser ces rêves à vos semelles.

Et puis il y a l'Afrique,
L'Afrique dont tous les mirages
N'ont de virtuelle que l'image,
Loin la promesse informatique.

Il y a l'Afrique entière,
Entre tropiques et frontières,
De ses forêts, de ses déserts,
L'Afrique ouverte sur la mer.

Ecrites d'une Pointe-noire,
Les lettres dont le sel n'égale,
Que les senteurs du Sénégal,
Que les lenteurs du Pot-au-noir.

Et dès les premières lueurs,
Entre Cancer et Capricorne,
Il viendra tel un naufrageur,
Vous nourrir de ses salicornes.

Corto reprend son sac,
Rempli de rêves et d'histoires,
D'optimisme et de désespoir,
Qu'il a toujours laissés en vrac.

Oui, car enfin Corto repart,
Faire provision de l'âme humaine,
De ses bonheurs et de ses peines,
De sa bassesse et de ses gloires.

Car, pour finir Corto repart !
Existe t’elle celle qui l'aime ?
Dans quel palais, sous quel diadème ?
Pour commencer, il faut y croire !

Et devant toutes ces lueurs,
Qui n'ont de l'or que son éclat,
Il viendra croquer la saveur,
Et vous marcherez dans ses pas !


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Auteur cybérien post-Poétique.