Fruits dépendus









Trente et un textes pour autant de fruits passionnants, cueillis parfois à bout de corde, au fil des heureux hasards qui commencent et s'achèvent ainsi :




Texte premier : "Les cercles de feu"




Lorsque les soirs d'été brûleront des aveux,

Que les cerveaux blessés sembleront déjà vieux,

Je resterai figé dans un rond, désireux

De boucles emmêlées en doux cercles de feu.

Lorsque les nuits d'étoiles m'auront rattrapé,

Que le bateau sans voiles viendra m'embarquer,

Je pâlirai d'un mal que le sextant froissé

Redressera, draps sales en des mers salées.

Des mers de lait d'ânesse où je serai féal

Aux sirènes, princesses d'aubes boréales,

Pharaonne maîtresse ou muse ou bien vestale,

Je tisserai sa tresse en phrases verticales.

J'adresserai des mots en signe de promesses

Que de profonds échos ramèneront en messes,

En sombre oratorio que l'on donne en confesse

Lorsque l'archet sangle eaux du con jusqu'à la fesse.

J'aborderai la terre, alors, en son sein chaud

D'où le puissant cratère évacue les manchots,

Montrant du doigt l'artère où coule vive chaux,

Acide et délétère et tremblante au cachot.

Je ferai des moissons de flores vivrières,

Et de fortes boissons de Malte imaginaire,

Sur son île sans fond, sa ruche carnassière

D'abeilles qui s'en font de n'être qu'ouvrières.

Je ferai ces grands feux qui soignent les poisons,

Cautérisant au mieux les plaies de la raison,

Fertilisant les lieux que l'on couvre à foison,

Pour un instant le dieu qui couvre sa toison.

Viendront les soirs d'été, brûleront les aveux

Que, parfois, l'on se fait comme on fait des adieux,

Et des cheveux défaits entre des doigts envieux

De boucles emmêlées en doux cercles de feu.



Texte dernier : "Métro-pôles"


Oui, ce sont les aimants qui régissent les pôles,
Et ma main calcinée qui caresse l’épaule
De ma vraie dulcinée, dans la ville interdite
Où les mots des amants sont cités sans redite.

Les rames n’y sont pas dédiées aux bateaux,
Et les barques d’amour, déliées des râteaux
Comme de queue l’anoure, ont des roues pneumatiques
Dont les traces de pas sont des toux asthmatiques.

Dans l’obscur, peu à peu, les voies se concatènent
Sans que quiconque atteigne un point qu’un capitaine
Fixa, comme une teigne, hargneux d’atteindre enfin
Le paradis râpeux où l’ange sera fin.

Je sais des roches choir sur cet itinéraire,
Et mon âme égarée la chercher littéraire,
Babylone est percée de multiples réseaux,
Et l’un d’eux de m’échoir comme on perce une peau.

Sur les jambes, les bas sont deux préservatifs,
Quand du toucher de l’air, on se préserve, hâtif,
En lisant Baudelaire, en pleins babils, beau quai !
Aux rimes croisées là, tes genoux sont hoquet…

Quitte à perdre le nord des curieux métro-pôles,
Ne se vouer qu’à ses seins, pas plus Pierre que Paul,
Je nourris le dessein de dessous en désir,
D’un souterrain sonore où l’on sait des plaisirs.

Si je me rends marteau, moi l’insecte piqueur,
Des cartes de métro où carreau remplit cœur,
C’est de ne savoir trop où chercher son tunnel,
Et d’Antonin Artaud, afforder mes prunelles.

Pour retrouver la nuit, cette main qui m’est chère,
La sentir me frôler sous les portes cochères,
Des baisers m’enjôler en la bouche Bastille
Dont la salive en pluie, plus que tout m’émoustille.

J’ai pour son métro gnome un goût cataclysmique,
Et comme commotion ses secousses sismiques,
Elle dont vibration se finit en beaux heurts,
Et dont le chromosome a fait l’X éboueur.


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1 commentaire:

Ariaga a dit…

Une belle lecture c'est une journée de voyage au delà de nos frontières.

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Hauteville/mer, Basse Normandie, France
Auteur cybérien post-Poétique.