
Quand on parle du coeur,
on ne sait jamais trop
s'il s'agit
d'embellie,
d'embolie,
Quand on parle du coeur
comme d'un dernier métro
qui s'enfuit.
On se fabrique
des marchands de tables
pour des jeux de hasard,
A coups de briques,
dettes détestables
de caisses sans tirroirs.
On revendique des abhérations,
Comme des excuses à des tarots,
A tant de figures en perdition,
A tant de visages à vau l'eau.
Pourtant,
on croit encore
au pair no hell,
Cet autre ou cette autre qui n'est pas l'enfer,
Sentant,
s'entend le corps,
la ritournelle
du coeur, cadeau dont on voudrait l'en faire.
Les éclaircies
sont des franchissements de seuils,
d'hésitations,
des idioties,
de rigolade et de clin d'oeil,
d'excitation,
sont belles parce qu'elles sont après la pluie,
et nous ré-apprennent l'absence du soleil,
timidement, d'une petite lueur claire,
et de nouveaux et improbables appêtits
que l'on rangeait soigneusement dans nos sommeils,
S'ouvrent comme les bras qu'en coudes l'Amor fait.
Quelques montagnes russes,
sur nos cyclothymies,
nous font des tobbogans
Où nos jeunesses sucent
les aigres pissenlits
déracinés du temps
où nous avions vingt ans,
et les parcimonies
de nos limitations,
et les écoeurements
des descentes de lits
pour toute frustration.
Quand on parle du coeur
comme on parle d'un muscle qui pompe le sang
et pas les sentiments,
on se tait d'avoir peur
de belles occasions
qui, de nous, sont moins foncières qu'en location...
On se végétalise en passant en friture
sur des lignes de chance un tant soit peu brisées,
qui n'évitent ni les poncifs, ni les ratures,
s'achèvent au bouillon des amours oubliées.
Mais quand on laisse parler,
les voies sans guigne,
sans froid,
d'envies écervelées
par quelque signe
de Toi,
on sent recouler les fleuves transouraliens,
qui de l'Ob à l'Amour serpentent sans venin,
et roucouler, tout doux, les oiseaux migrateurs
laissant pour souvenirs des chiffres aux compteurs
kilométriques
des autos portugaises
qui nous rapprochent,
neurasthéniques,
pétris des terres glaises,
des vides de nos poches.
Que l'on lessive au temps passé
l'émouvante moovie de nos vices,
ou qu'on accuse, on trempe assez
dans nos bétises de novices.
Lorsque l'on jette pierre à l'eau,
ça fait des ronds tout concentriques,
on se rend compte, un peu penauds,
qu'on fut battus, tout cons, sans trique.
Lorsque les cercles s'interfèrent
comme des chemins qui se croisent,
puisque l'on dit croiser le fer
quand deux regards ainsi se toisent,
Avez-vous vu ce que deviennent
les ronds dans l'eau qui s'affectionnent ?
Ils s'amortissent, se retiennent
comme deux corps qui s'emprisonnent.
Reins, jambes,
ventres posés comme deux pieuvres,
ventouses,
tout flambe !
Puisque les peaux comme deux preuves,
s'épousent.
Azur,
s'il faut que nous soyons éphémères,
l'été,
pour sûr,
regorge d'ogres sanguinaires
d'aimer...
Les abeilles retournent aux russes,
aux sibériennes inflations,
d'où que coulent, quoique encore eussent
étés les fleuves des passions.
On butine en butins de vote,
trésors que l'on décide à deux,
que ni les veaux ni les dévotes
ne voleront aux amoureux.
On subtilise aux voix des autres
les cordes d'instruments heureux,
on s'utilise et l'on se vautre
dans le mitan des lits fangeux.
Oh ! Qu'elle est belle l'embellie,
fringante à tout cheval trop vieux,
fringalle à toute envie de vie
qui fait du bien l'ami du mieux.
Tout est lèvres, bouches, seins, sexes,
et tous les enfants s'adultèrent
d'une fusion mise à l'index,
à présent qu'on la désaltère.
L'homme dessus devient le ciel
et la femme devient la Terre,
et dans leur mer artificielle,
basculent tout, tout à l'envers.
Oh ! Qu'elle est belle l'embellie !
Oh ! Fasse un jour qu'elle m'échoit,
qu'un jour, elle m'échoit aussi,
qu'un jour je sois à faire un choix,
on est bien mieux quand on choisit,
et quand nos professions de foi
nous laissent profusions rosies
plutôt que perfusions du foie...
Puisque tout est si rose
dans ces beaux lendemains,
une question m'attaque :
vit-on pour autre chose
que de mourir enfin
d'une embellie cardiaque ?
Texte dernier : "La faim du tigre"
Je vois briller
des constellations de miroirs
dans les yeux
ténébreux,
prédateurs,
du chasseur
à la recherche du grand soir
éparpillé.
Et parmi ces myriades,
ces éclats de cristaux,
d'opaline ou de jade,
plantés, tels des poteaux,
des totems funéraires,
dans son iris, ô fleur
de la pupille ouverte,
les flambées délétères
de l'envie où l'on pleure
de larmes bleues ou vertes.
Le fauve est arpenteur,
que sa faim justifie,
même faim que l'agneau,
dans ce bois constricteur,
que l'on y sacrifie,
soucieux de son cerveau.
Les fleuves sont foison,
fourmillant dans la jungle
des remords,
rendant l'écho de sons,
tas de têtes d'épingles
ou de mort.
Et le rugissement,
lentement,
se répand à l'aurore
d'un boréal horaire,
dont l'araire
laboure le décor.
Lacéré
comme un frêre,
le tigre (et ses zébrures)
s'est terré
comme il erre
entre les conjectures :
il est nanti
de cette absurde vanité
d'être capable
de jouer sa vie
d'un coup de sang, d'un coup de dé
inexorable !
Dans l'incapacité des sens,
non pas ce qu'ils procurent,
mais limitent,
le tigre cède à l'indécence,
et simple déchirure :
il s'imite !
Il reproduit ses chasses et les mêmes erreurs,
provoque, endure et perdure aux pires douleurs !
Filles d'Eve et garçons d'Adam,
êtes-vous donc,
vous aussi, ces tigres-enfants,
dont le seul don
n'est que de s'enchairir sans chérir et sans noms ?
Etes-vous le creuset des pauvres religions ?
Celui où l'on recueille, ô scarification,
le sang des vierges maculées d'un chorion ?
Faites-vous de vos beautés, l'abandon
mélodique, et la tragédie pour diapason ?
La quête vraie n'appartient pas à nos réels,
pas à nos goûts,
ce qu'enveloppent, corporels,
ces fins dégoûts
que nos babines détroussèrent ;
repus, les crocs, de tous ces sexes qu'ils troussèrent,
n'ont jamais su saisir l'instant de l'éphémère,
ni plus qu'un enfant ne saurait vider la mer.
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